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Faire d'un poème Libre un poème classique : exemple
Le premier jet d'idées conduit souvent "au laisser écrire" dans une forme qui ne s'embarrasse pas ou peu de la technique.
Celle-ci, lorsqu'elle s'en mêle, offre aux mêmes idées un costume différent.
J'ai tenté de montrer ici les deux habillages d'un poème dont le seul point commun technique est le vers impair si prisé de Verlaine.
Pour le 2eme poème la nécessité de l'alternance de rimes et le maintien de l'impair (13) conduit à modifier certains mots, ou bien à en changer l'ordre dans le vers, mais en respectant l'idée.
Ex : pour garder "fange noire", le premier vers se terminera par "l'impossible à croire".
Une lecture attentive ou à haute voix met en évidence le côté "musical" de la forme classique.
IL Y A
O pouvoir me désalourdir de ce qui m’obsède
Me maintient m’emprisonne dans une fange noire
Tout mon être éprouvé ploie sous les coups assénés
Du sol mouvant mes yeux ne peuvent se décrocher
Il y a lui, tyran inconscient, insatisfait
Pressé de fuir, recueilli dans un autre univers
Au langage mystérieux d’anonymes fantômes
Dont je suis la seule à détenir le code, la clef.
Rôle écrasant insupporté, bouffeur d’une vie
Qui s’imaginait, comme paquet-cadeau ultime,
Enrubannée de multiples tout petits bonheurs
Simples, modeste réconfort de la dernière heure
Ma tête éperdue s’affole d’images cruelles
Le cœur trop sollicité se vide de son miel
Et dans cette avalanche qui déboule, m’emporte
L’esprit révolté enrage du sort qui s’acharne
Mais il y a Toi et Toi ! Le penser m’ allège un peu
Vous dire éloigne de moi les pires tentations
Un peu de ma souffrance s’efface par vos yeux
Qui refusent aux noirceurs le besoin d’exister
Respiration d’un instant, d’une brève seconde
Le coeur battant au rythme de l’horloge accordé
Avant de m’en retourner poursuivie par les ombres
Dans un monde insaisissable, ô combien redouté.
( région de Longsheng, Chine)
A VOUS
O pouvoir me dégager de l’impossible à croire
Qui me tient, m’emprisonne dans une fange noire,
Tout mon être éprouvé ploie sous les coups assénés,
Du sol mouvant mes yeux ne peuvent se décrocher.
Il y a lui, tyran insatisfait, inconscient
Pressé de fuir, cueilli par un autre maintenant
Au langage mystérieux d’anonymes fantômes
Aux blessures dont moi seule, las, détient le baume.
Rôle écrasant insupporté, bouffeur d’une vie,
Qui s’imaginait, comme paquet-cadeau d’amie,
Enrubannée de multiples tout petits bonheurs
Modeste réconfort des inévitables peurs
Ma tête éperdue s’affole de flashs durs, cruels,
Le cœur trop sollicité se vide de son miel
Et dans cette avalanche qui déboule, m’emporte
L’esprit révolté enrage du sort qu’il supporte
Mais il y a Toi et Toi ! Je vous pense, vous, là,
Vous dire, et le pire du ciel s’éloigne de moi
Un peu de ma souffrance dans vos regards s’efface ;
Mes yeux chargés de noir, par les vôtres, au clair, font place
Respiration d’un instant, d’une brève seconde,
Le cœur en paix battant l’horloge d’un autre monde
Dont il faut, poursuivie par les ombres, s’éloigner,
Jetée dans l’insaisissable ô combien redouté !
Mais il y a Toi et Toi...
(Région de Longsheng, Chine)
Lasidonie
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Commentaires
la contrainte technique peut être un jeu plaisant mais il est indéniable qu'elle oblige à se montrer moins spontané. Mais au bout du compte, un poème ou un texte sur lequel on a planché, retravaillé dans le sens de l'allègement donne de réelles satisfactions. Un peu comme un travail bien achevé.
Belle soirée à toi.
AmicalementJe préfère le 2e, plus fluide, plus doux à mon oreille ou a mon esprit, je t'exprime là mon ressenti spontané. Et ce sont là deux très belles photos. Bonne soirée Sido bisoustout simplament superbe encore un beau moment de poésie
merci beaucoup pour ton poème chez moi
besos
tilkLa subtilité entre ces deux versions me dépassent je te l'avoue. Agréable l'une comme l'autre pour ne rien te cacher.Bel exploit ! Les deux présentent leur intérêt, je ne saurais départager lequel est le mieux ? !
bises
alainBLa lecture toujours belle et agréable chez toi chère Sido... la première photo elle me fait chavirer sais-tu :-)))Toujours de l'excellent chez toi. Bises et beau dimanche.Aimant les rimes et le jeu des sonorités je pencherais plus vers le second, quoique le premier ne m'ait point déplu...
Le costume peut avoir son importance, tant qu'il ne fausse pas l'idée. J'aime la spontanéité et me laisse souvent plus portée par elle que par n'importe quelle règle...
Bonne soirée SidoLa différence, Martine, se sent "à l'oreille", le 2em poème étant plus mélodique par l'emploi des rimes, le fond restant le même. Merci pour tes commentaires fidèles.Je ne sais pas quoi dire Sido, la différence est la mais elle est presque imperceptible, je ne saurais dire si je préfère la version remaniée. Bisous
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"la musique avant toute chose " n'est-ce pas ?
merci pour vos passage et commentaires chère Sido
votre première photo est d'une grande beauté,,, avant même d'en lire la légende nous reconnaissons la Chine
Bonne vie à vous