• Mon coup de coeur poétique du jour :
     

    Jean Henri Fabre (1823-1915) originaire de l'Aveyron fut un homme de sciences, naturaliste, entomologiste ( bac lettres, licence de science physique, sciences naturelles, doctorat) mais aussi un passionné d'écriture ( Académie Frçse) et un poète.

    « Un grand savant qui pense en philosophe, voit en artiste, sent et s'exprime en poète »,

    c'est ainsi que Jean Rostand qualifie Jean-Henri Fabre

     

    Ses descriptions  très minutieuses de la vie des insectes sont des petits bijous poétiques. Il écrivit aussi en provençal des poésies dont le thème privilégié est la nature.

     

     

    26022011010amandier-bis.jpg

    L'haleine
    Des vents du midi
    Souffle par chaudes bouffées ; de noirs et gros nuages
    Passent, parfois ils lavent les feuilles
    Avec quatre gouttes de pluie :
    C'est le printemps qui arrive et amène ses soulagements.

     

    Bonne venue
    Est bien due
    Au soleil qui revient. Pour lui, le tonnerre gronde ;
    Pour lui, le muscari montre le nez
    Dans les sentiers quand il bruine ;
    Pour lui, l'éclair s'allume soudain et resplendit.

     

    Pour lui, les peupliers
    Le long des rives,
    Déploient les bourgeons englués de goudron ;
    Pour lui, s'allonge et s'entrelace
    Dans les halliers la clématite ;
    Pour lui, le saule met ses jolis pendants.

     

    Pour lui, dessous
    Les vertes mottes,
    Violonne, en remuant les cornes, la troupe des grillons ;
    Pour lui, sur l'euphorbe nouvelle,
    Épanouie en fleurs noirâtres,
    Bourdonnent, attablés, les premiers moucherons.

     

    Et la rainette,
    La verdette,
    En vessie gonflant sa poitrine enrhumée,
    Chante : vue ! vue ! Elle s'est réveillée
    Au premier coup de soleil.
    Tout remue et bruit, fatigué de l'hiver.

    26022011014 magnolia

     

     

     

    Qu'est-ce que la vie,
    Si vite usée ?
    C'est un peu de chaleur caché dans la fange.
    Couvé par la divine flamme,
    Ce qui était limon s'anime
    Lorsqu'un rayon de soleil s'est fondu dans ses flancs.

     

    Donc, tout remue ses cornes,
    Tout verdoie,
    Et s'étire, et s'allonge, et monte et va, et vient
    Pour avoir sa part bénie
    De la grande averse de vie
    Qui nous pleut de la-haut lorsque le soleil revient.

     

     

     

     

    J.H. FABRE

     

    (traduit du provençal...pas par moi !...)


     

     

    LASIDONIE

     

     


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  •  

     

    c. de soleil (bulgarie)

     Suffit-il de voir

    Pour lire surpris

    Dans les zébrures du couchant

     Les signes cachés

    Du soir ?

     

    J’ai lu

    Cet âpre combat

    Des ombres avec la lumière

    Dans les rouges corridas

    Qui font vibrer le ciel

     

    J’ai lu

    La Rage voilée de la houle

    Dans l’opale marin

    Et ces trouées d’abimes

    Qui emportent au loin

     

    J’ai lu

    Dans les plis chatoyants de la nuit

    Ces appels mystérieux

    Que seul, détaché de l’esprit,

    Le cœur perçoit

     

    J’ai lu,

    Au plus profond

    Des nuées cuivrées

    Ces désirs de voyages

    Dans les bras de l’aimé

     

    Photo-0024-revue.jpg

     

    J’ai lu

    Ce regard qui implore !

    Mais Suffit-il

    Pour arracher au ciel tourmenté

    La promesse d’une aurore ?

     

    J’ai lu 

    Et dans le rêve offert

    Me suis échappée

    Pour trouver sérénité

    Au-delà de ses frontières

     

    Un vent très doux

    Porteur de tendres murmures

    Dans la percée de l’aube claire

    Vint bercer mon éveil

     

    Inverser les ombres

    Décrocher la lumière

    C’était un rêve

    A l’infini des rêves.

     

     

    LASIDONIE


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  •  

     

      L'actualité dramatique au Japon, mon récent voyage, notamment à Hiroshima, m'ont remis en mémoire ces mots du poète Aragon :

     

    "J'ai réinventé le passé pour voir la beauté de l'avenir"

    Aragon avait connu  les horreurs de la guerre, c'est dans les "yeux d'Elsa" qu'il vit la beauté de l'avenir .

     

    En revoyant les images qui suivent je me suis demandée :

     

    Est-il possible de reinventer ce passé là ?....

     

    P1020726-hir.-avant.jpg

     

    P1020727-apres-la-bombe.jpg

     

     

    P1020694-dome-bombe-A.jpg

    P1020692dome.jpg( Seule trace gardée intacte du centre préfectoral des expositions, impact à 600m de là)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Est-il possible de ne se pencher désormais que sur cet autre présent :

     

    P1020793 instrument

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    P1010950-p.-fille.jpgP1010947 fillette

     

    L'avenir, sa beauté, est bien ici annoncé par ces enfants entre tradition et modernité...

    P1010827enfants-copie-1.jpg

     

    Ou sur les visages radieux de ce jeune couple, image heureuse, belle, qui associe passé, présent et ses promesses de futur,... 

     

    P1010957mariés

     

    J'ajouterai ceci aux images qui parlent d'elles-mêmes :

    Nous devrions nous efforcer de réinventer le passé sans le nier, de juste lui ôter sa charge de pesanteur, de blessures, d'horreur subies, pour en tirer des leçons, une expérience, afin d'être capable de re-ouvrir les yeux sur le beau, de l'imaginer pour demain et construire ainsi un futur différent de ce que fut hier...

     

    Pourtant !

     

    Qu'en est-il des leçons de l'expérience ? Ce poème- cri de Prévert ne traverse-t-il pas le temps, au vu de ce à quoi nous assistons partout dans le monde ?

     Vous déboisez
    Imbéciles
    Vous déboisez
    Tous les jeunes arbres avec la vieille hache
    Vous les enlevez
    Vous deboisez
    Imbeciles
    Et les vieux arbres avec leurs vieilles racines
    Vous les gardez
    Et vous accrochez une pancarte
    Arbres du bien et du mal
    Arbres de la victoire
    Arbres de la liberté
    Et la forêt deserte pue le vieux bois crevé
    Et les oiseaux s'en vont
    Et vous restez là à chanter
    Vous restez là
    Imbéciles
    A chanter et à défiler

     

    Jacques PREVERT
     
    P1020728 affiche destruction
     
     Réinventez le passé dit Aragon, voyez le présent semble nous dire Prévert, même dénonciation sous des angles différents : Le Je pour l'un, le vous pour l'autre ; Ainsi face au constat de la persistance de l'imbécilité humaine, l'espérance du beau à voir demain ne serait-il qu'option, recherche individuelle ? Ou, peut-être, portée par nos enfants ou petits-enfants...
     
    P1020714-paix.jpg(L'un des Origamis réalisés par les enfants à Hiroshima)
     

     

    Lasidonie


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