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Par
lasidonie dans
courts textes en prose le
3 Janvier 2010 à 10:00
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A quoi bon ? Comment mieux résumer le profond sentiment d'impuissance qui envahissait Clémence.
A quoi bon forcer ses jambes à faire des pas quand on ne sait où aller
A quoi bon
obliger son bras à tenir la plume s'il n'y avait plus rien à écrire
A quoi bon s'efforcer de garder les yeux ouverts quand ce qui leur
est offert est désespérant de laideur
A quoi bon tenter de garder son esprit en éveil quand tout s'obscurcit, que le néant est le seul vrai du temps
Ainsi pensait Clémence en ce début d'aurore, le corps et l'esprit anéantis. Bientôt les bruits de la vie au dehors allaient réveiller le jour, secouer la torpeur de la nuit. Elle les entendait
ceux qui allaient lui dire "Regardez le soleil, le dessin des nuages dans le ciei entendez les pépiements des oiseaux, la chanson apaisante du ressac sur la plage ou celle vivifiante du
vent dans les cîmes, sentez l'odeur de la terre chaude lorsque l'ondée vient la rafraîchir, celle de l'herbe fraîchement coupée...Et puis n'aimez vous plus le goût du fondant au chocolat,
le moelleux des pommes caramélisées, leur saveur sur la
langue?
Tout cela oh oui elle le devinait ! Tout cela elle l'avait aimé, s'en était enveloppée pour fuir ce qui la poursuivait, se créer une barrière protectrice, se donner du sens... Tout comme elle
avait tenté de le trouver dans ses rêves. Clémence avait un temps fait de ses rêves l'étendard de sa révolte, et elle avait voulu y croire, croire qu'un jour ils seraient sa réalité.
Là est la plus grande des erreurs ! Le rêve n'est que fantaisie de l'imaginaire, il ne peut combler, ni se substituer à la vie. En faire le but de son existence était la pire des sottises.
De même qu'écouter tous les gens sensés, bien intentionnés, qui lui feraient
remarquer qu'il suffit de ne pas regarder son nombril, que la misère, la souffrance sont les choses au monde les mieux partagées et que le pire existe toujours ailleurs
!
Se pencher sur les autres ? Noble alibi pour ne pas "se voir", se mesurer à soi ; Clémence avait triché avec elle-même.
Le à quoi bon, revenait comme un leitmotiv.
A quoi bon chercher une aide auprès d'autrui, s'accrocher à de possibles ou improbables
amitiés ! Personne, ni Dieu, ni Diable, ni même ses proches, ne pouvait vivre à sa place, sentir à sa place, décider à sa place.
Elle ne devait rien attendre d'autre que ses propres forces et celles-ci l'abandonnaient. Son corps avait vieilli, vite, trop vite, ses paupières s'abaissaient vite, trop longtemps, son esprit
tournait , tournait jusqu'à épuisement, jusqu'à se vider de toute substance...
Alors à quoi bon ? Pleurer, elle l'avait tant fait que ses yeux étaient secs, Crier ? Sa voix s'était éteinte dans le désert de l'incompréhension !
Non, à quoi bon Résister ? A l'impossible nul n'est tenu pensa Clémence en cette aurore qui deviendrait NUIT!
Lasidonie
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L'orage empêche les anges de s'approcher.