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Le vent, la mer, la musique et moi...
Participation à l'atelier " d'écriture ludique " du 10 au 24 -11
Exercice proposé par "Michel-Faux Réveur"
Mots à insérer , sujet libre :
page - annuler - travers - crépuscule - tirer - facile - ambiance - hypothèse - mésange -finesse - parallèle - absurdité - sonate - langage - puriste - fatalité - dissoudre - pyramide -caresse - victime - bâtisse - perpétuel - exécrable - hacher – cran.
Il faisait froid, très froid, un vent glacé secouait les feuilles sans vie des palmiers, les plaquaient contre les troncs écornés aux pelures tristes, hachées. Fatalité d’un été, d’un automne très sec, les palmes couleur terre avaient été sectionnées.
Au travers des vitres de ma voiture garée en bord de mer, je voyais les gros rouleaux en un perpétuel va et vient se soulever, grossir, et telle une chevauchée éperdue, galoper vers la rive, s’écraser, se dissoudre parmi les gravillons et les galets. D’anonymes victimes emportées par leur violence se trouvaient projetées sur le sable, flacons, mégots, papiers, résidus des promeneurs exécrables, peu respectueux de la beauté des sites naturels. Connaissaient-ils, ces malotrus, le langage du vent, de la mer, du soleil et des orages, Appréciaient-ils la caresse de la brise du crépuscule sur les visages enfiévrés de l’été ? Sauraient-ils seulement s’attarder sur la mésange posée sur la haie ? Quelle absurdité d’imaginer la main lâchant sans honte la canette vide sur le sable, ayant en parallèle la finesse de l’écoute, du regard qui aime !
Ma pensée cheminait dans le sifflement du vent que je percevais depuis l’intérieur de l’habitacle. Mes yeux ne lâchaient pas les pyramides salées qui en un instant s’érigeaient pour s’écrouler en rides crantées. Bâtisses éphémères, plus fragiles que celles solides, triomphantes du désert ! La main des hommes avait été plus ferme que celle de la mer déchaînée.
Dans cette ambiance fascinante, faite de tourmente, de celle qu’on peut admirer de loin, quand on est bien à l’abri, curieusement s’éleva la voix contrastée d’un instrument : la radio transmettait la sonate pour piano de Beethoven " Clair de lune". Enchantement de la musique qui me tira de ma contemplation marine. Un autre de mes sens était sollicité et je me laissais aller toute entière aux vibrations intérieures qu’il suscitait. C’était facile d’annuler toutes les idées qui fourmillent quand l’esprit baguenaude, il suffisait de fermer les yeux et d’ouvrir son cœur pour rentrer en communion avec les interprètes, imaginer les émotions du compositeur. Je ne suis qu’une béotienne, peu apte à juger en puriste de la qualité de telle ou telle grande formation musicale, mais là, en cet instant, ce fût fabuleux. Peut-être était-ce dû au contraste entre le furieux des éléments à l’extérieur, et dans mon cocon de métal, les sonorités mélancoliques du piano qui les accompagnait. Hypothèse d’un esprit rêveur ! La vitre un instant baissée me renvoya des odeurs indéfinies d’eau salée, d’algues humides, d’iode. La page du livre apporté était restée inerte sur le siège passager, inutile. Dans mes narines, à mes oreilles, sous mes yeux, là était le rêve…
15-11-07
LASIDONIE
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Commentaires
WAOU!!! S'il fallait donner des notes aux participants de ce jeu, ça serait toi, à mon sens, qui aurais le premier prix. Trop fort pour mon petit coeur... Ton texte, tes photos, la musique. MERCI.Quel beau contraste entre le déchaînementdes éléments en colère car la beautéest bafouée, et le cocon intérieur de calme et de paix.
Je suis en train de créer un site spécial pour publier" ma lettre au père Noël". je la mettrai en ligne le lundi 3 janvier.
J'y publierai aussi la votre si vous me l'envoyez à l'adresse suivante:
imaginal@aliceadsl.frJe suis toujours en extase devant tes mots, tes photos, muette comme l'oiseau qui vole au dessus de l'océan . Rien ne t'échappe de cette mer que tu connais par coeur .
bisesBell exercice, sidonie, mais fort compliqué pour moi, mais ce cheval emballé par la tempête me parle aussi
c'est très beau.
bisous
jupi
pour le soleil , niet aujourd'hui, il pleut EnfinBel exercice! la photo de ces chevelures secouées par le vent est parfaite! bon jeudi!Magnifique tous les sens sont en éveil, un petit moment de bonheur. BisousQue dire , j'ai lu ton texte en écoutant la sonate et je me suis vue en train d'admirer ce spectacle ! C'était magique, j'ai même senti et entendu le vent miauler à ma portière ! Bravo, vraiment !C'est très beau. Je me suis laissé couler dans ces flots déchaînés en écoutant la sonate au clair de lune. Instant magique.Un travail exemplaire ! Bien réflechi et qui tient la route .Poétique à souhait. Bravo.Ah, Sido, ce texte est une merveille ! J'ai vu, j'ai entendu, j'ai ressenti, bref, j'ai vibré... Un grand merci.
Bonne journée à toi et encore bravo !
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C'est surprenant, puissant ce qui nous entoure.
Il faut à tout prix naître, vivre, avoir vécu pour admirer l'art et les immenses richesses de la terre.
Même s'il y a de la négation à cela.
Bonne journée, belle page Mme Sido.