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Par lasidonie le 7 Novembre 2006 à 14:13
Rêve, réalité...on aimerait souvent que le rêve soit la réalité...
Rêver... donner vie à des désirs et des espérances inachévées...
Impromptu
Dieu l'a voulu, nous cherchons le plaisir.
Tout vrai regard est un désir ;
mais le désir n'est rien si l'on n'espère ;
Et d'espérer c'est une affaire.
Cest pourquoi nous devons aimer l'illusion.
Béni soit le premier qui sut trouver un nom
A ce rêve charmant, cette demi-folie
Aussi vraie après tout que la réalité
A ce rêve enchanté
Qui ne prend de la vérité
Que ce qu'il faut pour faire aimer la vie !
A. de MUSSET
LASIDONIE
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Par lasidonie le 31 Octobre 2006 à 09:36
La mer est le miroir de nos âmes. Elle reflète nos espérances, invite nos rêves, épouse notre sérénité ou nos douleurs...
Ce poème de Stéphane Mallarmé le traduit , me traduit, merveilleusement .
Brise marine
La chair est triste, hélas! Et j'ai lu tous les livres.
Fuir! Là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D'être parmi l'écume inconnue et les cieux!Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe
Ô nuits! Ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai! Steamer balançant ta mâture,
Lève l'ancre pour une exotique nature!
Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l'adieu suprême des mouchoirs!
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages
Sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots...
Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots!
Stephane Mallarmé
Lasidonie
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Par lasidonie le 26 Octobre 2006 à 08:00
D'un incident banal du quotidien J.Romains fait un petit drame.
L'auteur seul à la campagne attend des nouvelles de ceux qu'il aime. Attente vaine...
Qui, n'a un jour éprouvé les tourments de l'attente, la déception du rien, le sentiment d'abandon devant une boite muette ?
Le plaisir du papier froissé, de l'enveloppe que l'on déchire à la hâte, fébrile, ou au contraire que l'on prend le temps de détacher en gestes lents pour faire durer l'attente délicieuse du contenu, a presque disparu remplacé par l'anonyme stéréotype de l'écran. Au mieux le papier de l'imprimante gardera la trace anonyme, impersonnelle, des mots doux échangés.
Mais les sentiments eux, restent identiques...Cela me remet en mémoire cet excellent film '' Il postino" dans lequel Pablo Néruda, exilé dans un petit port des iles du sud de l'Italie, à la demande du préposé aux postes, écrit puis lui apprend à écrire afin de lui permettre de séduire sa belle...
Pourrait-on encore aujourd'hui séduire avec les mots sur du beau papier ?
On ne m'a pas donné de lettres
On ne m'a pas donné de lettres, ces jours-ci !
Personne n'a songé dans la ville à m'écrire.
Oh! je n'espérais rien ! Je sais vivre et penser
Tout seul, et mon esprit, pour faire une flambée,
N'attend pas qu'on lui jette une feuille noircie.
Mais je pense qu'il me manque un plaisir familier ;
J'ai du bonheur aux mains quand j'ouvre une enveloppe,
Ma peau se réjouit en touchant le papier,
Où persiste, au milieu des pages repliées
La présence immatérielle d'un autre homme,
Et depuis ces trois jours où je n'ai rien reçu
Je glisse lentement dans un trouble malaise ;
Je suis presque gêné d'être ; J'ai comme honte
De moi-même ;
Un remords insaisissable pèse
Sur mon coeur qui avait failli se croire bon.
Mes bras ont des lourdeurs ; Je n'ose pas sourire ;
Il me semble que l'air m'en veut quand je l'aspire.
L'amour autour de moi, la force au fond de moi
Se dispersent. La ville, en m'oubliant, me blâme.
Nulle part on ne songe à moi, je le vois bien.
Jules Romains "la vie unanime"
LASIDONIE
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Par lasidonie le 15 Octobre 2006 à 13:48un certain pessimisme que le titre de ce poème ! Mais le réalisme D'Aragon, de ses mots sans concessions, nous touche au plus profond ! Amour au sens large ! Bonheur, malheur ! Notre condition humaine. Un regard qui s'accomode comme il peut des desillusions, des cris de révolte, des marques inévitables du temps et de notre destin ! Mais que pèsent toutes ces réalités, au regard de la puissance des sentiments du couple Aragon-Elsa ?...il n'y a pas d'amour heureux(chanté entre autre par G. Brassens)Rien n'est jamais acquis à l'homme ni sa forceNi sa faiblesse ni son coeur et quand il croitOuvrir ses bras son ombre est celle d'une croixEt quand il croit serrer son bonheur il le broieSa vie est un étrange et douloureux divorceIl n'y a pas d'amour heureuxSa vie elle ressemble à ces soldats sans armesQu'on avait habillés pour un autre destinA quoi peut leur servir de se lever matinEux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertainsDites ces mots ma vie et retenez vos larmesIl n'y a pas d'amour heureuxMon bel amour mon cher amour ma déchirure,Je te porte dans moi comme un oiseau blesséet ceux-là sans savoir nous regardent passerRépétant après moi ces mots que j'ai tressésEt qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururentIl n'y a pas d'amour heureuxLe temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tardQue pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unissonCe qu'il faut de malheur pour la moindre chansonCe qu'il faut de regrets pour payer un frissonCe qu'il faut de sanglots pour un air de guitareIl n'y a pas d'amour heureuxIl n'y a pas d'amour qui ne soit à douleurIl n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtriIl n'y a pas d'amour dont on ne soit flétriEt pas plus l'amour de la patrieIl n'y a pas d?amour qui ne vive de pleursIl n'y a pas d'amour heureuxMais c'est notre amour à tous deux.ARAGON (Le fou d?Elsa)
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Par lasidonie le 14 Octobre 2006 à 13:48
Parmi les poètes surréalistes que j'avais évoqués, il en est un que j'aime tout particulièrement : P. ELUARD, pour, en particulier, ses poèmes dédiés aux trois femmes qu'il a aimées : GALA ( qui le quittera pour Dali) , NUSH, que la mort lui ravira, puis Dominique, qui le ramènera vers la lumière.
Celui.ci célèbre le regard.
La Courbe de tes yeux
La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.
Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,
Parfums éclos d'une couvée d'aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.
Paul ELUARDCe poème provient du recueil intitulé " Capitale de la douleur "- 1926-
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Par lasidonie le 1 Octobre 2006 à 12:20
Et si nous refaisions connaissance de ces beaux textes du moyen-âge tombés dans l'oubli ! Notre langue a évolué, s'est enrichie d'apports étrangers, mais un retour aux sources de ces tournures un peu naives comme c'est rafraîchissant !
Voici donc un poème de BERTRAND de VENTADOUR ( vers 1200), fils de boulanger, protégé du vicomte de Ventadour. Devenu troubador D'Alienor d'Aquitaine et du comte de Toulouse, il chante l'amour courtois.
Ce n'est merveille si je chante
Mieux que nul autre troubadour.
Le coeur est ouvert à l'amour
Et mieux suis s'il me commande
Coeurs et corps et savoir et sens.
Force et pouvoir en lui j'ai mis.
Ce qui me tire vers l'amour
Fait que rien d'autre ne m'atteint.
Il est bien mort qui ne sent pas
D'amour au coeur la saveur douce !
Et que vaut la vie sans amour.
Ne sert qu'à ennuyer les gens !
Ah, je prie Dieu qu'il m'aime tant
Que ni jour ni mois je ne vive
Si j'ennuie ou s'il m'arrive
D'oublier d'amour le talent...
(la ponctuation étant sommaire je l'ai rajoutée pour une lecture plus aisée)
Lasidonie
La photo est un montage: incrustation d'un troubadour dans une rose retravaillée
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Par lasidonie le 18 Septembre 2006 à 12:10
AUTOMNE
Dans le brouillard s'en vont un paysan cagneux
Et son boeuf lentement dans le brouillard d'automne
Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux.
Et s'en allant là-bas le paysan chantonne
Une chanson d'amour et d'infidelité
Qui parle d'une bague et d'un coeur que l'on brise.Oh ! L'automne a fait mourir l'étéDans le brouillard s'en vont deux silhouettes grises.G.APPOLINAIRE (Alcools)Une petite indication :
Cette photo est issue d'une incrustation de 3 images en couleur, travaillée ensuite en négatif puis en noir et blanc.
Lasidonie
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Par lasidonie le 28 Août 2006 à 13:34
Aprés la Perse, et sa philosophie, un petit tour du côté de chez nous, au moyen âge et 16ème s. avec quelques courts poèmes ou extraits, consacrés au même thème : Le temps source de tristesse, ou invite à suivre EPICURE ! EPICURE !
C'est avec Guillaume de Lorris qu'apparait en France l'allégorie de la Rose (le ''roman de la rose'' 1230), jeune fille, mais aussi image du temps qui passe, que reprendra Ronsard.x
Quelques images : nos enluminures , nos tapisseries, pour illustrer cette époque courtoise.
Fevrier Août, "les très riches heures du duc de Berry"00000000000
Le temps qui s'en va nuit et jour
Sans repos prendre, sans séjour,
Qui nous fuit d'un pas si feutré
Qu'il semble toujours arrêté,
Immobile en un même point,
mais ne cesse de se mouvoir
Au point qu'on ne peut concevoir
ce que c'est que le temps présent
...........
Le temps, qui ne sait séjourner,
mais va toujours sans retourner,
comme de l'eau qui descend toute
Sans que jamais remonte goutte
..........
Le temps qui toute chose change
Qui fait tout croître et tout nourrit,
Et qui tout use et tout pourrit .
G.de LORRIS ( ''Le roman de la rose'' extraits)
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Plus ne suis ce que j'ai été
Plus ne suis ce que j'ai été
Et plus ne saurais jamais l'être.
Mon beau printemps et mon été
Ont fait le saut par la fenêtre.
Amour, tu as été mon maître,
Je t'ai servi sur tous les Dieux.
Ah ! si je pouvais deux fois naître,
Comme je te servirais mieux !
Clement MAROT 1496-1544 (Rondeaux)
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Si notre vie est moins qu'une journée
En l'eternel, si l'an qui fait le tour
Chasse nos jours sans espoir de retour
Si périssable est toute chose née,
Que songes-tu, mon âme emprisonnée ?
J . Du BELLAY (1522-1560)
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Ores que je suis dispos,
Je veux rire sans repos,
De peur que la maladie
Un de ces jours ne me die
Me happant à l'impourvu :
"Meurs, galant : c'est trop vécu ! "
Versons ces roses en ce vin,
En ce bon vin versons ces roses,
Et buvons l'un à l'autre, afin
Qu'au coeur nos tristesses encloses
Prennent en buvant quelque fin.
RONSARD 1524-1585 ( chansons épicuriennes )
LASIDONIE
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