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    un certain pessimisme  que le titre de ce poème ! Mais le réalisme D'Aragon, de ses mots sans concessions, nous touche au plus profond ! Amour au sens large ! Bonheur, malheur ! Notre condition humaine. Un regard qui s'accomode comme il peut des desillusions, des cris de révolte, des marques inévitables du temps et de notre destin ! Mais que pèsent toutes ces réalités, au regard de la puissance des sentiments du couple Aragon-Elsa ?
    L'amour, ligne droite, sans obstacles, sans blessures, peut-il exister ailleurs que dans les légendes et les mythes ...ou la Poesie ...?


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    il n'y a pas d'amour heureux
                                                (chanté entre autre  par G. Brassens)
       
    Rien n'est jamais acquis à l'homme ni sa force
    Ni sa faiblesse ni son coeur et quand il croit
    Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
    Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
    Sa vie est un étrange et douloureux divorce
     Il n'y a pas d'amour heureux
     
    Sa vie elle ressemble à ces soldats sans armes
    Qu'on avait habillés pour un autre destin
    A quoi peut leur servir de se lever matin
    Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains
    Dites ces mots ma vie et retenez vos larmes
     Il n'y a pas d'amour heureux
     
    Mon bel amour mon cher amour ma déchirure,
    Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
    et ceux-là sans savoir nous regardent passer
    Répétant après moi ces mots que j'ai tressés
    Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
     Il n'y a pas d'amour heureux
     
    Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard
    Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson
    Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
    Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
    Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare
        Il n'y a pas d'amour heureux
     
    Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur
    Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri
    Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri
    Et pas plus l'amour de la patrie
    Il n'y a pas d?amour qui ne vive de pleurs
     
    Il n'y a pas d'amour heureux
    Mais c'est notre amour à tous deux.
                                                                                 
      ARAGON (Le fou d' Elsa)
     

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  • Mon coup de coeur du jour : ces mots d' un poète que j'affectionne tout particulièrement.


    Par ce lien un autre poème sur le  thème du regard

    Allez le relire, il est beau !



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    On ne peut me connaître
    Mieux que tu me connais
    Tes yeux dans lesquels nous dormons
    Tous les deux
    Ont fait à mes lumières d'homme
    Un sort meilleur qu'aux nuits du monde

    Tes yeux dans lesquels je voyage
    Ont donné aux gestes des routes
    Un sens détaché de la terre
    Dans tes yeux ceux qui nous révèlent
    Notre solitude infinie
    Ne sont plus ce qu'ils croyaient être

    On ne peut te connaître
    Mieux que je te connais

     

    Paul Eluard

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    paysage de Crète

    LASIDONIE


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  • Deux images, un poème, pour illustrer cette expression couramment prononcée, entendue, " Que c'est beau ! ".



    "Le beau, c'est une promesse de bonheur"
    Stendhal


    hébergement gratuit de photos & vidéos avec www.photomania.comPhoto Michel Gonnet


      Essayer de faire autre chose avec du beau , sans prétendre au beau, juste pour le plaisir : Tentation à laquelle j'ai cédée, avec l'accord de l'auteur de la superbe image ci dessus, Michel Gonnet. Une éclatante ondulation de l'or des dunes qui devient ceci , dont je ne revendique aucun sens, sinon  une agréable débauche de couleurs :



    hébergement gratuit de photos & vidéos avec www.photomania.comSido

      Au delà des longues réflexions des philosophes sur ce que peut être le beau , tout simplement je laisse  à Baudelaire  le dernier et le meilleur des mots : La beauté est avant tout dans les yeux de celui qui regarde.



    Je suis belle, ô mortels ! Comme un rêve de pierre,
    Et mon sein, où chacun s'est meurtri tour à tour,
    Est fait pour inspirer au poète un amour
    Eternel et muet ainsi que la matière.

    Je trône dans l'azur comme un sphinx incompris;
    J'unis un coeur de neige à la blancheur des cygnes;
    Je hais le mouvement qui déplace les lignes,
    Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.

    Les poètes, devant mes grandes attitudes,
    Que j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments,
    Consumeront leurs jours en d'austères études;

    Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants,
    De purs miroirs qui font toutes choses plus belles:
    Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles!


    C. Baudelaire





    Lasidonie

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  • Ce blog a été ouvert un 16 juillet, principalement sous l'impulsion d'une amitié, trop tôt interrompue. Un texte m'avait été confié, dont j'avais proposé de re- travailler le rythme formel en respectant le fond et l'essentiel des mots importants. De la matière "brute" à reciseler en quelque sorte ! Voici aujourd'hui, pour marquer symboliquement cette date, ma version de ce poème, en espérant, s'il est lu, qu'il fera plaisir à son propriétaire légitime.


     

     


    Le matin au bord de l'eau

     

    Rouge apparaît la bouche sur la cime blanche    
    D'or est le calice, rêve du petit matin ;
    Semble onduler la courbe frêle d'une hanche
    Pour des aurores se dérober à la main.

     

    Des volutes d'azur naissent des seins gonflés
    A la douce saveur, et leur plaisir bohème    
    Dans ma tête ils enfantent un soleil éclaté :
    Scintillement d’étoile en ivresse suprême. 

    Se découvent peu, sur d’océanes torpeurs,
    Des jambes fines, s'étirant à la nuit complice, 
    Vagues de promesses enroulées de langueurs
    Abandonnant les corps sur des rives solstices.

    L’écume ruisselante sur la braise ultime
    Qui tangue de survivre par la houle happée
    Est delta d’amour dont je m’abreuve, enfiévré.
    Blanche apparaît la bouche sur la rouge cime.


    D et N


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    LASIDONIE
                                                                       


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    Un bref signal pour ceux qui l'ont souhaité, je les en remercie.

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    Le poème étant long, je l'ai condensé. Il se passe d'illustration...

    ****


    Il y a des choses que je ne dis a Personne Alors
    Elles ne font de mal à personne Mais
    Le malheur c'est
    Que moi
    Le malheur le malheur c'est
    Que moi ces choses je les sais

    -------

    Il y a des choses qui me sont tout à fait
    Mais tout à fait insupportables même si
    Je n'en dis rien, même si je n'en
    Dis rien, comprenez, comprenez moi bien

    Alors ça vous, parfois ça vous étouffe
    Regardez, regardez moi bien
    Regardez ma bouche
    Qui s'ouvre et ferme et ne dit rien

    --------

    O tout ce que je ne dis pas
    Ce que je ne dis à personne
    Le malheur c'est que cela sonne
    Et cogne obstinément en moi
    Le malheur c'est que c'est en moi
    Même si n'en sait rien personne
    Non laissez moi non laissez moi
    Parfois je me le dis parfois
    Il vaut mieux parler que se taire

    --------

    Ne me regardez pas dedans
    Qu'il fait beau cela vous suffit
    Je peux bien dire qu'il fait beau
    Même s'il pleut sur mon visage
    Croire au soleil quand tombe l'eau
    Les mots dans moi meurent si fort
    Qui si fortement me meurtrissent
    Les mots que je ne forme pas
    Est-ce leur mort en moi qui mord

    Le malheur c'est savoir de quoi
    Je ne parle pas à la fois
    Et de quoi cependant je parle

     C'est en nous qu'il nous faut nous taire


    Louis Aragon-«  le fou d’Elsa » extraits.
    (1963)

     

                                                                                                                   Je me tais ...

                                                           LASIDONIE

     


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  • Pour finir la semaine , ces quelques notes heureuses, ou nostalgiques, c'est selon ...


     


    Trois allumettes, une par une allumées dans la nuit
    La première pour voir ton visage tout entier
    La seconde pour voir tes yeux
    La dernière pour voir ta bouche

    Et l’obscurité toute entière pour me rappeler tout cela.

     

    Jacques PREVERT

     

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    LASIDONIE

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    Re-découverte d'un poète moins connu des jeunes générations, c'est mon coup de coeur du jour :
    Quelques mots simples, pour une vérité frappante :

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    La vie nous mène par...le bouton d'une rose



    Au jour le jour

    Quand d'une perte irréparable
    On garde au coeur le souvenir,
    On est parfois si misérable
    Qu'on délibère d'en finir.

    La vie extérieure oppresse :
    Son mobile et bruyant souci
    Fatigue... et dans cette détresse
    On murmure : "Que fais-je ici ?


    "Libre de fuir tout ce tumulte
    Où ma douleur n'a point de part,
    Où le train du monde l'insulte,
    Pourquoi retarder mon départ ?
    -------
    Mais l'habitude, lâche et forte,
    Demande grâce au désespoir ;
    On se condamne et l'on supporte
    Un jour de plus sans le vouloir.


    Ah ! C'est qu'il faut si peu de chose
    Pour faire accepter chaque jour !
    L'aube avec un bouton de rose
    Nous intéresse à son retour.

    La rose éclora tout à l'heure,
    Et l'on attend qu'elle ait souri ;
    Eclose, on attend qu'elle meure ;
    Elle est morte, une autre a fleuri ;

     
    On partait, mais une hirondelle
    Descend et glisse au ras du sol,
    Et l'oeil ne s'est séparé d'elle
    Qu'au ciel où s'est perdu son vol ;


    ------
    Une larme veut qu'on demeure
    Au moins le temps de l'essuyer ;
    Tout ce qui rit, tout ce qui pleure,
    Fait retourner le sablier.

     

    Ainsi l'agonie a des trêves :
    On ressaisit, au moindre appel,
    Le fil ténu des heures brèves
    Au seuil du mystère éternel.
    ------
    Et sans se résigner à vivre
    Ni s'en aller avant son tour,
    On laisse les moments se suivre,
    Et le coeur battre au jour le jour.



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    René-François SULLY PRUDHOMME (1839-1907)

    ("Les vaines tendresses")

    Note : Le poème étant assez long je l'ai condensé


    LASIDONIE

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  • L'attente est souvent vécue comme une impatience, voire une souffrance ; Paul Valéry (1871-1945) nous la présente avec délicatesse comme de doux moments, ceux que l'on colore de la tendresse, de l'amour désiré, ceux que l'on passe, coeur battant, mais serein, à guetter la progression des pas de l'être aimé.
    On peut aussi imaginer que le poète, dans le silence de l'inspiration, se laisse gagner par le charme de la muse qui se manifeste à pas comptés...



    Les Pas


    Tes pas, enfants de mon silence,

    Saintement, lentement placés,
    Vers le lit de ma vigilance
    Procèdent muets et glacés.

    Personne pure, ombre divine,
    Qu'ils sont doux, tes pas retenus !
    Dieux !… tous les dons que je devine
    Viennent à moi sur ces pieds nus !

    Si, de tes lèvres avancées,
    Tu prépares pour l'apaiser,
    A l'habitant de mes pensées
    La nourriture d'un baiser,

    Ne hâte pas cet acte tendre,
    Douceur d'être et de n'être pas,
    Car j'ai vécu de vous attendre,
    Et mon cœur n'était que vos pas.



    Paul. Valéry ("Charmes")







    LASIDONIE

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