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Ce titre n'a pas la prétention d'évoquer Shakespeare...Il se présente spontanément à la mémoire lorsque la lumière du jour vous détourne du mystère paisible ou tourmenté de l'obscurité.
L'esquif
Songe de mes nuits, veilleur attentif
De mes rêves dorés, tu es l'esquif
Qui me berce dans la douceur du soir
Lorsque les vagues furieuses apaisées
De leur vive rumeur désespérée
Endorment ma mémoire et mes espoirs
Eteignent les douloureux souvenirs !
Avec toi je m'achemine, légère,
perpétuelle et fidèle étrangère
Vers des contrées nouvelles à découvrir.
M'apparaissent, dans un halo qui m'inonde
Des silhouettes gracieuses, vagabondes
Traces éthérées d'images de bonheur
Quand les désirs de l'âme inassouvie
S'abreuvaient à la fontaine de vie
Riche de ses généreuses faveurs.
Songe de mes nuits, mon esquif errant
Approche moi encore de cette source !
Que finisse mon épuisante course !
Voguons loin des tumultes déchirants.
Mes sommeils dépeuplés de leurs chimères
Seront voyages d'une passagère
Dans les profondeurs de la nuit marine
Sur laquelle tu veilleras, rassurant
Prompt à chasser les fantômes d'antan.
Le rayon ami de lune opaline
Guidera ta voile. Bel esquif efface
De mon aurore les ombres tenaces
Voguons encore dans la lumière du jour
Dans une éternelle danse d'amour.
Lasidonie
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Beaucoup de poètes ont écrit sur le regard, ce miroir des sentiments. Tant de choses que ne disent pas les lèvres peuvent passer dans des yeux qui sourient, brûlent de colère, s'enfièvrent d'amour ou soupirent de mélancolie...
On ne triche pas avec eux, on peut le faire avec les mots. Mais ces derniers sont nos pinceaux, un peu malhabiles parfois, pour en cerner l'éclat.
Un peu d'humour... pour surprendre ? c'est ce qu'on apellerait le choc de l'image et des mots...pourquoi pas le regard de cet étalon saisi au Haras de Meknés pour accompagner la tendresse qui suit.
Les caresses des yeux
Les caresses des yeux sont les plus adorables ;
Elles apportent l'âme aux limites de l'être,
Et livrent des secrets autrement ineffables,
Dans lesquels seul le fond du coeur peut apparaître.
Les baisers les plus purs sont grossiers auprès d'elles ;
Leur langage est plus fort que toutes les paroles ;
Rien n'exprime que lui les choses immortelles
Qui passent par instants dans nos êtres frivoles.
Lorsque l'âge a vieilli la bouche et le sourire
Dont le pli lentement s'est comblé de tristesses,
Elles gardent encor leur limpide tendresse ;
Faites pour consoler, enivrer et séduire,
Elles ont les douceurs, les ardeurs et les charmes !
Et quelle autre caresse a traversé des larmes ?Auguste Angellier
(1848-1911)LASIDONIE
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